Aecha soupira. Elle retourna dans sa loge, en enlevant sa coiffure qui la dérangeait. En plein milieu du spectacle, l'une de ses barrettes s'était un peu trop enfoncées dans son crâne. Et ça faisait mal, il ne fallait pas se mentir.
Elle finit par se changer rapidement, en enfilant la robe du prochain show. En ce moment, son patron faisait tout pour la pousser à bout, et donc l'énerver un maximum. Cet idiot ne voulait pas lui donner sa paye du moi. Or, elle avait besoin de cet argent si elle ne voulait pas se retrouver à la rue quelques jours plus tard. Alors il avait commencé lui-même ce petit jeu qu'il perdrait. Car elle n'abandonnerait pas son maigre logement. Jamais.
C'est en enfilant son premier bas, qu'elle remarqua un jeune homme qui était entré extrêmement rapidement dans sa loge. Elle fut d'abord surprise, à cause de son air essoufflé. Mais il s'agissait encore certainement d'un client pervers qui venait pour mater de jolies filles en train de se changer. Ce n'était pas nouveau. Et elle s'apprêta à appeler la sécurité, mais resta la bouche ouverte, totalement surprise, en le voyant rentrer dans son armoire. Elle n'était pas bête; elle l'avait vu. Et lui aussi. Elle ne comprenait pas pourquoi il se cachait. Jusqu'au moment où elle entendit des appels dans le couloir. Et elle ne reconnut pas les voix.
De manière extrêmement posée, elle se rassit devant son miroir, qui était entouré de grosses ampoules. Elle enfila son deuxième bas, qu'elle fit glisser jusqu'au milieu de sa cuisse. Elle paraissait extrêmement calme, mais ne l'était absolument pas. Elle se demandait surtout si camoufler ce jeune homme de ses poursuivants, comme elle le devinait, était une bonne idée. Mais, aux vues de son regard apeuré, elle ne pouvait pas le dénoncer. Elle avait peut-être trop de cœur. D'ailleurs, ce dernier battait la chamade dans sa poitrine.
Alors qu'elle se remettait une couche de fard à paupière noir, elle vit un homme rentrer dans sa loge. Elle se retourna vivement vers lui, faisant voler ses mèches brunes et rouges jusque sur son épaule gauche. Et elle le foudroya presque du regard.
"Vous n'auriez pas vu un jeun..."
"Il ne me semble pas vous avoir autorisé à venir ici. Je n'accepte personne dans ma loge. Veuillez sortir immédiatement. Vous n'avez pas honte de venir déranger une femme? Et si j'avais été en train de me changer, comment auriez vous réagi, hein?"L'homme ne bougea pas. Et il tourna le regard sur toute la pièce. Lorsqu'il allait le poser sur l'armoire qui dissimulait le jeune homme, elle reprit la parole.
Je vous ai dit de sortir, avant que je n'appelle la sécurité!"