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L’oubli. C’est un sentiment que je ne connais pas, et pourtant, que je semble appliquer à la lettre. Faisant de mon visage un autre, maquillant une pauvre fille pour la faire paraître plus sereine. Je déteste ressasser. A quoi bon repenser au passé ? Ca ne me rend ni nostalgique, ni heureuse. Ca ne me manque pas, et aucune trace de sourire ne vient se ficher sur mes jolies lèvres. Comment cela serait-il possible quand cela fait des années qu’on y cherche une trace invisible de bonheur ? J’envie ceux qui se prélassent dans les rires et la chaleur. Ceux qui n’ont jamais eu à se soucier de quoi que ce soit et peuvent être qui ils veulent. On me peint comme une jeune femme qui obtient tout ce qu’elle veut. Mais qui dans ce monde sait ce que je veux et par quoi je suis passée ? J’ai beau avoir renommée et argent, si durement acquis, le bonheur me fuit. Au fond, est-ce ce que je voulais vraiment ? Je voulais juste qu’on me sorte de ce taudis. Un appartement à peine assez grand pour deux, une mère qui se tue au travail pour joindre les deux bouts… Et moi, qui ne savait plus comment exister. Parfois invisible, parfois au centre de l’attention. On ne venait me voir que lorsqu’on avait besoin de faire descendre la pression. J’ai connu des rires qui n’avaient rien de joyeux et des coups qui n’avaient pas d’excuse si ce n’est que ma tête ne leur revenait pas. Mais que leur avait-elle fait, ma tête ? J’étais juste une pauvre fille sans argent ni avenir. Incapable de se défendre, incapable de réussir. La rancoeur a grandit au fond de moi, se nourrissant des ténèbres, haïssant la puissance, voulant tuméfiée cette faiblesse traître. Pourtant, jamais je n’osais élevée la voix. Des larmes, je n’en ai plus. Elles ont toutes taries sous leurs mains malsaines et leurs sourires gras. Aujourd’hui encore je peux voir ses ombres déformées par ce sentiment que je ne comprends pas. Je ne sais même pas pourquoi je repense à tout ça. Lorsque j’ai abandonné ce monde, j’ai effacé mes souvenirs, comme s’ils n’existaient pas. C’était leur condition, c’était mon échappatoire. Qu’importe la raison au fond. D’une larve ils ont su en tirer un papillon. Mais suis-je toujours encore moi ? Je dilapide l’argent comme si je ne le garderai pas, je me moque des plus démunis et reste la tête haute qu’importe l’erreur que j’ai commise. J’ai l’impression que mes fondations m’ont désertées tandis que je grimpais vers le sommet, ne laissant que les tâches sombres d’une existence malsaine. Vais-je devenir comme eux ? Ces derniers jours, je me fais peur. Sauf que je suis incapable de me donner un quelconque blâme. J’ai oublié comment m’arrêté. Je suis montée trop haut pour avoir la force de redescendre d’un étage. Ma vie n’est pas plus joyeuse, mais elle est stable. J’existe. On m’envie. Les gens qui autrefois ne m’aimaient pas sans raison m'idolâtre pareillement. Est-ce ce qu’on appelle le pouvoir ? Alors pourquoi ne suis-je toujours pas heureuse ? J’aimerai que quelqu’un donne une réponse à mes questions. Qu’enfin je puisse enterrer ce passé qui me ronge et ce sentiment de culpabilité qui m’assaille. J’ai beau ne plus savoir pleurer, en ce jour de pluie, j’ai l’impression que le ciel verse pour moi les larmes que je ne peux plus verser.