Voilà bien deux heures que Yeon Wan était couché sur son canapé à regarder le plafond. Il s'était levé de bonne heure, aux environs de six heures, pour faire un jogging avant sa séance d'entraînement. Il n'avait cependant pas prévu la chaleur écrasante qu'il ferait. Il s'était changé pour porter son short en coton et un t-shirt, mais au moment de sortir du complexe, la chaleur l'avait littéralement repoussé en arrière. Surpris, il avait reculé dans le hall climatisé et avait continué à regarder la porte un bout de temps, jusqu'à ce qu'elle se ferme toute seule. Il n'avait pas regardé la météo, mais qu'il fasse tellement chaud comparé au jour d'avant, c'était impensable. Ne sachant plus trop quoi faire, mais n'ayant vraiment pas envie de courir avec ce temps, il remonta chez lui. Maintenant qu'il y faisait attention, il faisait vraiment chaud dans son salon. Il n'avait pas allumé la climatisation, chose qu'il décida rapidement de changer, réglant la température avec la télécommande. Il se posa à nouveau sur son canapé, mais se releva rapidement. Cette sensation horrible quand on reste littéralement collé au cuir des sièges lui était très désagréable. Il s'assit alors sur un des tabourets au bar et sortit son portable pour vérifier l'heure. Il n'était que huit heures trente-deux, et il n'avait pas cours aujourd'hui. Il avait perdu toute motivation de s'entraîner avec cette chaleur, mais rester toute la journée chez lui n'était pas la meilleure idée non plus, il s'en voudrait de n'avoir rien fait, surtout qu'il n'avait rien à faire ici, ayant déjà plus ou moins nettoyé l'appartement la veille.
Après avoir sorti une bouteille d'eau froide de son réfrigérateur et l'avoir bue cul sec, il la mit à la poubelle et se dirigea vers sa chambre pour se changer. Il faisait peut-être trop chaud pour courir, mais il pourrait au moins essayer de se promener, au moins dans le quartier, ne serait-ce que pour se dire qu'il avait fait quelque chose aujourd'hui. En deux mouvements, il se débarrassa de ses vêtements, les pliants puis les posant sur son lit. Il ouvrit alors son armoire, et regarda s'il pouvait trouver quelque chose de potable pour la journée. Un t-shirt serait définitivement trop de tissus vu le temps, mais un Marcel blanc devrait bien faire l'affaire. Il l'enfila et fit de même avec un short noir basique. Il ferma la porte de l'armoire et se regarda dans le miroir qui y était accroché, balayant ses cheveux de la main pour les mettre en arrière. Laisser sa frange lui donnerait beaucoup trop chaud. Il prit donc la direction de sa salle de bain et avec un minimum de gel se coiffa, relevant ses cheveux pour que son front puisse respirer. Tout en se dirigeant vers la porte d'entrée, il prit une paire de lunettes de soleil noire et enfila une paire de baskets blanche. Il était chanceux, il y avait un ascenseur à son étage, ascenseur qu'il emprunta directement pour descendre. Arrivé en face de la porte automatique du hall, il s'arrêta, prit une dernière respiration, et se jeta dans la chaleur de l'été.
Le jeune mannequin avait d'abord parcouru les ruelles autour du complexe, essayant de rester à l'ombre. Il n'y avait pas grand monde dehors comparé à d'habitude, ce qui était logique en soi vu la température dehors. Il tourna à droite, puis à gauche, et continua ainsi, prenant des rues qu'il n'avait jamais prises. Quand il finit par se retrouver sur une grande allée, un doux vent venait lui caresser le visage. Étonnamment, le vent était frais et lui faisait du bien... ou peut-être qu'il avait tellement chaud que le vent lui paraissait frais. En tout cas, cela lui faisait terriblement du bien et il continua donc de suivre l'allée. Après quelques minutes, une masse verte se dessinait au loin. Ce devait être le parc de Daehangno. Il n'y était jamais allé depuis le temps qu'il habitait dans le quartier, non pas qu'il n'aimait pas la nature, mais les insectes n'étaient pas ses amis. Il n'avait de toute façon rien à faire aujourd'hui, et la chaleur avait sûrement dû faire fuir ou tué toutes les bestioles dangereuses, il pouvait donc s'y aventurer le cœur plus ou moins léger. Tout en s'en approchant, il commença à distinguer une petite forêt, et derrière, ce qui semblait être un lac. C'était surprenant de trouver de la verdure dans une ville aussi polluée que Séoul, mais bon, tout endroit à son oasis non ?
Arrivé à l'entrée du parc, il s'engagea sur le chemin en pavé qui semblait se diriger vers le lac d'après les panneaux. Lac égal eau égal pas chaud. C'était ce qu'il pensait, bien qu'il se doutait qu'il n'allait pas y avoir de grosse différence. Il y avait beau y avoir des panneaux « interdiction de marcher sur la pelouse » un peu partout, les pelouses étaient pleines. Les personnes âgées jouaient à d'anciens jeux, que Yeon Wan n'arrivait même pas à nommer, sous l'ombre des arbres. Les enfants courraient un peu partout, par petits groupes, observés de loin par leurs parents qui pique-niquaient tranquillement. Mais aussi et surtout, il y avait des couples. Partout. Assis ou en mouvement, ils rigolaient, se parlaient joyeusement, s'embrassaient et se disaient des mots d'amour. Le jeune homme détourna rapidement son regard, légèrement dégoûté par toute cette démonstration d'amour. Autant il ne se gênait pas pour le faire, autant le voir, en grande quantité en plus, lui était déplaisant. Il croisa entre-autre un couple qui faisait son jogging en vêtement assortis. Il ne savait pas s'il devait en être dégoûté ou s'il devait plutôt admirer le fait qu'ils courent malgré la chaleur, chose qu'il avait lui-même décidé d'abandonner. En ignorant tout ces gens, le parc était quand même un bel endroit : il n'y avait pas de bestioles volantes, la forêt semblait bien entretenue, et le soleil se reflétait sur l'eau du lac. Il s'imagina que le coucher de soleil ici devait être magnifique, il devait absolument penser à revenir ici avec quelqu'un pour le regarder quand il en aura la possibilité... et quand il fera moins chaud.
Il arriva sur une grande place devant le lac. Toujours des couples, mais plus nombreux. Ils colonisaient les bancs, la fontaine, tout. Il y avait une file énorme au niveau d'un ponton où l'on pouvait apparemment louer des barques. Heureusement, le lac était assez grand, on voyait encore de l'eau entre les différentes barques. Il avait déjà entendu parler d'une même attraction au Japon, tellement populaire qu'on ne voyait plus d'eau, juste les barques. Ce devait être étrange mais amusant à voir. Il y avait aussi un stand de crêpes, où personne ne faisait la file : qui aurait envie de manger quelque chose de chaud par ce temps ? Yeon Wan. Il faisait chaud, oui, mais une crêpe au sucre, ça passait toujours. En plus, il n'aurait pas à attendre, parfait ! Il marcha en direction du vendeur et sortit son porte-monnaie. Le vendeur semblait surpris, ce qui fit sourire le jeune homme, qui commanda sa crêpe au sucre. Le vendeur s'empressa de la préparer, peut-être car Yeon Wan était son premier client ? Quelques minutes plus tard, elle était prête. Il paya et la prit en main. La chaleur passait à travers le support en carton rose, il décida donc de mettre la serviette entre sa main et le carton, pour éviter de se brûler.
Il regarda ensuite autour de lui : il y avait tellement de monde partout, et il ne pouvait pas juste manger sa crêpe comme un piquet au centre de la place. Il remarqua alors un petit chemin sur le côté de la place qui semblait faire le tour du lac, ou du moins emmener sur le côté du lac. Il n'y avait plus de pavés, mais comme il n'y avait pas de panneaux d'interdiction, il s'y engagea et longea le lac. Après quelques minutes de marche, la place centrale était éloignée, le bruit presque inaudible. Les barques d'amoureux ne semblaient pas non plus s'aventurer ici. Il y avait cependant un autre ponton devant lui, où se trouvait déjà une personne. Il décida de s'y diriger, histoire de s'asseoir les pieds dans le vide au-dessus de l'eau. Arrivé au ponton, il alla jusqu'au bout, où se trouvait l'autre personne. C'était une fille à la coupe garçonne. On aurait pu s'y tromper de loin si elle ne portait pas de jupe, mais en regardant son visage rapidement, on ne pouvait pas se tromper sur ton sexe. Son visage lui disait justement vaguement quelque chose, il l'avait peut-être déjà croisée, mais il ne s'en rappelait pas. Il se plaça derrière elle, regardant dans la direction opposée. De cette façon, ils ne se verraient pas l'un l'autre, et ils seraient tranquilles tous les deux. Si une jeune femme se déplaçait jusqu'ici, c'était probablement pour être seule, et il se sentait un peu mal de la déranger, mais bon, le ponton n'était pas sa propriété privée non plus.
L'eau était très claire, malgré la pollution de la ville. Il décida donc de se rafraîchir avec, surtout que sa main droite était brûlante à cause de la crêpe, même s'il s'y était habitué. Il espérait juste que la crêpe avait eu le temps de refroidir un peu. Il s'accroupit pour atteindre l'eau, mais il avait du mal à garder l'équilibre avec une main tenant la crêpe et l'autre essayant d'atteindre l'eau. Il avait besoin de ses deux mains. Le ponton semblait cependant un peu... sale ? Il n'était, en tout cas, pas assez hygiénique pour y poser sa crêpe. Il décida donc la tenir avec sa bouche. Chose faite, il se pencha en avant et mouilla ses mains. L'eau était juste à la bonne température pour le rafraîchir, mais doucement la crêpe devenait chaude. Trop chaude. Elle commençait à lui brûler sa lèvre. Par réflexe, il l'enleva de la bouche avec sa main, qui à son tour avait du mal à la tenir comme il venait de la refroidir avec l'eau. Sur le coup, il prit son autre main pour sauver la première, mais tous ces mouvements lui firent perdre son équilibre : il manquait de tomber tête première dans le lac. Il se releva d'un coup, et, encore déséquilibré, recula sans pouvoir s'arrêter. Il sentit le dos de la fille contre le sien, mais il ne pouvait pas s'arrêter et la seconde d'après, lui, elle, et sa crêpe, étaient sous l'eau.
Il était une fois la nudiste et le pervers. Deux jours qu’il dormait. Deux jours ! Il s’était à peine réveillé pour répondre à ses besoins naturels. Hye Jin l’observait verre d’eau à la main. Il avait les fesses en l’air et la bave aux lèvres. Elle aurait peut-être du dégainer son portable pour l’afficher sur les réseaux sociaux. « Le canon Hye Ok met deux jours pour se remettre de sa cuite lol ;) ». Mais il n’était pas question que son frangin devienne la risée d’internet, les jumeaux Hwang avaient tout de même une réputation à tenir. Et puis ça freinerait énormément le rêve de gloire de son cher alter-égo. Du coup sa jolie sœur se contentait de le regarder dormir en faisant tourner le liquide dans le récipient transparent, petit sourire maléfique aux lèvres. Bizarrement, petit à petit son bras s’écartait et le verre penchait au dessus de la tête du beau au bois dormant. Un œil furtif s’ouvrit, comme si il avait sentit le danger arriver, et lui attrapa le bras.
« Non sûrement pas ! » hurla t-il.
Elle dégagea sa main et posa le verre sur la table de chevet.
« Pour le mal de crâne » expliqua t-elle avant de dévaler les marches de la mezzanine et de s’enfermer dans son atelier.
Il était cinq heures du matin, il valait mieux se protéger des représailles que représentait ce réveil aux aurores. Il fallut apparemment deux bonnes heures à Hye Ok pour se lever et se débarrasser de la crasse qui le recouvrait. Il était toujours recouvert de la peinture fluo qu’elle lui avait appliqué à leur soirée d’anniversaire. Certes, tous deux avaient abusés de la boisson, en même ce fut une belle festivité, et elle avait regretté le lendemain. Mais deux jours ? Hye Jin était censée être la petite nature de la famille. Enfin, le principal était qu’il soit en forme désormais. Un peu trop d’ailleurs. Alors qu’elle était concentrée sur un travail délicat se passant avec des perles fines extrèèèèèèèèmement fragile, elle entendit un énorme bruit suivi d’un cri de fureur. La jeune styliste regarda ses jolies nacres se briser sur le sol. Elle gémissa lentement. Sa porte s’ouvrit brusquement.
« Hye Ok tu ! » commença t-elle.
« Qui est l’imbécile qui a touché à mes affaires ! Où est cette fichu bonne qui ose casser mon matos ! » hurla t-il.
Un long soupir s’échappa des lèvres de sa sœur. Apparemment il n’avait pas encore bien intégré le fait qu’ils vivent seuls.
« On n’a pas de… » commença t-elle.
« C’est toi qui a cassé mon matos avoue ! » la coupa t-il.
Elle ne se souvenait pas avoir cassé quoi que ce soit et étant donnez que leur fête s’était déroulé dans un autre endroit, il n’y avait que son frère pour faire des bêtises (sûrement pendant son état léthargique des jours précédents) et ne pas les assumer.
« Mais je n’ai rien fait ! » protesta t-elle.
Il la regarda avec de grands yeux. Puis un sourire malicieux vint éclairer son visage. D’un bond il se jeta sur elle et la souleva, ignorant ses protestations, cris et coups.
« Je sais que c’est toi ! Tu vas le payer ! » lâcha t-il dans un rire diabolique.
Hum. Ça ne sentait vraiment pas bon. Mais alors vraiment pas bon. Serait-ce une vengeance pour l’avoir réveillé tôt ? En tout cas ça en avait tout l’air. Hye Jin avait beau lui crier de la reposer et s’agiter comme un petit asticot il la portait et l’emmenait… dans le dressing ? Soudainement, il voulut la lâcher mais elle s’accrocha à son cou, appeurée.
« Que … ? » balbutia la jeune fille.
« Vengeance numéro une de Hye Ok. Tu vas devoir porter la tenue que je vais te concocter. » déclara t-il, rayonnant.
Elle lui fit des yeux de chien battus et sortit d’une voix suppliante :
« Hye Ok, mon petit frère que j’aime, tu peux pas me faire ça ! C’est mon anniversaire… »
Il éclata de rire.
« Premièrement c’était il y a deux jours. Deuxièmement c’était aussi le mien. »
Les arguments étaient recevables et la plainte de Hye Jin rejetée. Elle essaya alors de s’enfuir mais, anticipant son geste, il la tint fermement contre lui tout en piochant dans les vêtements de la styliste. Elle observa d’un air effrayé sa dernière heure arriver et finit par se laisser faire.
« Non. Tu n’es pas sérieux. Tu ne vas me forcer à… à… Mon dieu, je te déteste. » déclara t-elle.
Ce qui était le plus horrible c’était que si elle n’enfilait pas cette tenue, ou si elle essayait de se défendre en lui balançant que sa vengeance n’avait pas lieu d’être, il la déshabillerait lui même. Elle préférait éviter cette humiliation et partit se changer en pleurant à la fois de désespoir et de rire vu le ridicule de la situation. Quelques minutes plus tard elle sortit sous les sifflements approbateurs de son idiot de frère. Ce dernier aurait pu tout choisir, de la tenue colorée et ridicule à la tenue d’adoratrice d’heavy-metal, son dressing d’apprenti styliste regorgeant de trésors :
Hye Jin était une tomboy qui se respectait. Elle arrêta de porter de petites robes de princesses quand elle fut en âge de s’habiller seule et n’avait jamais plus sentit de courant d’air entre ses jambes depuis ce temps. Elle n’arrivait pas à croire qu’il ose lui faire ça ! Elle se sentit vraiment mal en se regardant dans le miroir. Elle était tout sauf féminine, rien dans son physique ne collait avec cette tenue. Depuis longtemps elle avait accepté son corps mais la voir habiller comme ainsi lui fit un choc. Elle n’avait même pas le courage de détester son frère et ses envies bizarres. D’ailleurs ce dernier s’était tut et la regardait d’un air bizarre, sans expression. Qu’est-ce qu’il pouvait bien encore penser ?
« Ça te va bien. »dit-il du ton le plus simple au monde.
Elle partit dans un « gnagnagna » en claquant la porte et s’enferma dans son atelier. Un coup d’œil rapide sur l’horloge, il était huit heures. Son travail était fichu. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire de sa journée ? Une ballade au parc peut-être… Il paraitrait qu’il y avait un lac là-bas, elle aurait aimé se balader par là-bas… mais pas habillé comme ça ! Il en était hors de question. Mais la pauvre victime savait bien que son tortionnaire l’obligerait à porter ça toute la journée… « Je suis jolie ? » se questionna t-elle. Hye Ok était sérieux quand il lui disait que cette jupe lui allait bien ? Elle eu un sourire. Après tout, elle qui fabriquait toujours se genre de vêtements, c’était l’occasion de tester les désagréments et les avantages de ces créations. C’était décidé ! Elle allait faire un tour. Elle attrapa un sac (premièrement il fallait doter ces jupes de poches) et y rangea son portable, son portefeuille et ses clés. En ouvrant la porte et tomba nez à nez avec son frère visiblement venu la réconforter (il devait penser qu’il y était allé un peu fort). Elle lui tira la langue et sortit de leur appartement. Elle ne s’était pas rendue compte de la chaleur écrasante qui s’était abattu sur la ville. « On ne met pas le nez dehors pendant deux jours et c’est l’apocalypse » pensa t-elle. Sa tenue découverte et ses cheveux courts lui permettaient de ne pas avoir trop chaud (un autre avantage de la jupe à noter) mais le parc était trop loin pour y aller à pied par cette chaleur ! Même si la véritable raison était qu’elle ne se sentait pas à l’aise dans ses vêtements mettant en valeur ses formes et le regard des passants la gênait. Elle appela donc un chauffeur et en quelques minutes elle put apercevoir le sommet vert des arbres, vision surréaliste dans Seoul. Elle avait déjà été à Central Park à New-York mais l’effet de voir cet océan de verdure dans la ville où elle avait grandit n’était pas le même. Pourquoi n’y était elle jamais allé auparavant ? Se contentant d’observer le tout de loin. Elle posa un pied dans l’herbe verte. Subitement l’euphorie que lui faisait ressentir cette excursion se transforma en profonde gêne. Pourquoi y avait il tant de monde ? Son look attirait déjà beaucoup de regard d’habitude mais là elle avait carrément l’impression que même les mouches la fixait intensivement ! Hye Jin baissa la tête et marcha rapidement vers un coin plus isolé. Elle trouva un petit sentier qui semblait partir loin de toute l’agitation du par cet se dépêcha de fuir tous ces gens. Son pas ralentit. Le paysage était jolie. Inspirant. Elle s’arrêta sur un ponton pour observer les vaguelettes de l’eau, les reflets des arbres déformés dans le lac, les petites paillettes de soleil ici et là. Un sourire vint se dessiner sur son visage. L’endroit était calme, on n’entendait le chant des oiseaux qui se rafraichissait sur le rivage, le bruissement des ailes de quelques insectes qui passaient près d’elle, le ruissellement du courant. Quelqu’un s’approchait. Elle sentit le rouge lui monter aux joues. Non, elle n’avait pas à avoir honte. Elle avait le droit de s’habiller comme elle le voulait non ? L’inconnu, un grand jeune homme qu’elle trouva particulièrement beau se plaça juste derrière elle. Allons bon. Il avait le droit d’aller où il le voulait mais il aurait pu aller plus loin non ? Quoiqu’il lui tournait le dos et ne pouvait donc pas l’observer. Ce qui était plutôt confortable. Elle fit de son mieux pour oublier sa présence et se concentrer sur le paysage mais il s’agitait beaucoup. Elle se retourna pour voir ce qu’il pouvait bien trafiquer, ne se sentant pas bien de ne pas savoir. Il avait une crêpe dans la main. « Qui mange une crêpe par un temps pareil ? » fut la dernière chose qu’elle pensa avant de se sentir tirer et de sa retrouver la tête sous l’eau. Elle remonta à la surface en suffocant et replongea sous l’eau, agitant ses bras et ses jambes dans des mouvements désordonnés, complètement paniquée. Ah oui. Sa mère n’avait jamais ressentit le besoin d’apprendre à nager à ses enfants. Elle n’aimait pas les endroits où les gens pauvres s’amassaient comme les plages, les rivières, les piscines et considérait que ne pas savoir nager relevait d’un certain standing d’éducation. Le résultat était là : sa précieuse fille était tout simplement en train de se noyer.
Il fallût quelque secondes à Yeon Wan pour comprendre ce qu'il s'était passé. Il avait fini par tomber dans le lac, mais pas que lui : il avait emmené la fille avec lui dans sa chute. Il semblait qu'il avait une relation très spéciale avec l'eau, en moins d'un mois il avait déjà fini deux fois dedans avec quelqu'un d'autre sans le vouloir. Mais cette fois-ci, il ne connaissait pas du tout la personne. Il regarda vers le bas. Le lac était vraiment profond, malgré le fait qu'ils n'étaient pas très loin de la rive. Il commença alors à nager à la surface, ne souhaitant tout de même pas se noyer. Une fois à l'air, la première chose qu'il vit était sa crêpe, flottant grâce au carton à la surface de l'eau. Mais il était tombé quelqu'un, une personne qu'il ne trouvait pas. Il tourna sur lui-même et finit par apercevoir la fille. Elle se débattait avec l'eau, éclaboussant tout autour d'elle jusqu'à lui, lui envoyant au passage de l'eau dans ses yeux. S'il pensait d'abord qu'elle nageait d'une drôle de manière, il se rendit rapidement compte qu'elle se noyait. En y regardant de plus près, elle était tantôt sous l'eau, tantôt dessus, essayant désespérément de respirer. Sans plus attendre, il fonça dans sa direction. Il n'avait jamais prit de cours de natation en particulier, mais tout le monde apprenait à nager en cours de sport, non ? C'était quelque chose de nécessaire à la survie des hommes, tout le monde tombait une fois dans sa vie dans l'eau, et à ce moment il fallait savoir nager. En tout cas, elle, ne savait pas nager, ou était peut-être trop surprise pour le faire.
Une fois à ses côtés, la tâche n'était pas aisée. Il ne pouvait pas l'aider : la jeune fille se débattait dans tous les sens, sans faire attention à lui. Il essaya à plusieurs reprises de la prendre par les bras ou par sa taille, mais il n'arrivait pas à la tenir assez longtemps pour l'aider. Ses essais désespérés de rester à la surface finirent même par remettre le jeune homme sous l'eau. Tant bien que mal, il arriva à s'écarter et à remonter à la surface. C'était dans ce genre de moments qu'avoir sa coiffure était vraiment dérangeant, ses cheveux lui gênant la vue dès qu'il bougeait. Il passait plus de temps à les écarter de son champ de vision qu'autre chose. La fille ne semblait cependant pas s'arrêter, ce qui en soi était un bon instinct de survie, mais qui était plutôt gênant pour son sauvetage. Dans un dernier essai, il la contourna et s'approcha d'elle par derrière. Il réussit alors à passer ses bras sous les siens et à la soulever tant bien que mal.
« Calmez-vous, tout ira bien ! »
Il avait dit cela, mais c'était la phrase la plus bidon du monde, le genre de phrase qui ne convainc personne et ne rassure jamais. Mais avec tout ce qui se passait, il ne trouvait rien d'autre à dire, et la fille au moins sembler se calmer, ou peut-être était-ce car elle n'avait plus d'eau à jeter autour d'elle. Il nagea donc, la fille dans ses bras, direction le ponton. Ils avaient pas mal dérivé de ce dernier, et le retour dura une bonne minute qui paraissait bien plus longue au jeune homme qui devait gérer sa passagère euphorique. Enfin au niveau du ponton, il réussit à monter la jeune fille dessus, ce qui était une tâche très compliquée comme il n'avait pas d'appui. Après avoir vérifié qu'elle était bien dessus et qu'elle ne risquait pas de retomber, il se hissa à son tour sur le ponton, avant de se coucher face au ciel. Il était fatigué. Nager avec ses vêtements et aider quelqu'un en même temps était quand même beaucoup pour lui. Il faisait du sport, mais principalement pour l'apparence, et son jogging seul ne lui était pas d'une grande aide pour son endurance. L'eau l'avait bien refroidi, et le soleil qui l'écrasait avant lui faisait maintenant du bien en le réchauffant, au point qu'il était à deux doigts de s'endormir dans tout ce confort.
C'est un bruit à sa droite qui le sortit de ses envies de sommeil. Rapide retour à la réalité, la fille avait manqué de se noyer. Il releva le haut de son corps en prenant appui sur ses mains presque instantanément et tourna son regard sur elle. Elle semblait respirer et être consciente. Elle était tout aussi trempée que lui et son t-shirt rose lui collait à la peau, cachant légèrement ses sous-vêtements... Oui, ses sous-vêtements. Elle ne portait plus rien en guise de bas. Elle avait dû le perdre lorsqu'elle se débattait pour rester à la surface. Il détourna alors son regard, non pas par pudicité, mais plutôt pour éviter les problèmes. C'était un peu de sa faute si elle avait fini comme ça, et il ne pouvait pas vraiment se permettre de passer pour un pervers. La situation était vraiment délicate, il devait s'excuse pour l'avoir fait tomber dans l'eau, mais aussi dans une certaine mesure pour la perte de sa jupe. En plus, il n'avait pas de jupes de rechanges sur lui pour elle, et elle non plus ne semblait pas en avoir. Il se leva et se détourna d'elle, avant de racler sa gorge.
« Euhm... Je m'excuse de t'avoir fait tomber dans l'eau... Mais... Comment dire, t-tu... as perdu ta jupe... »
Il était une fois la nudiste et le pervers. La panique. L’incompréhension. Elle était dans l’eau, mais où exactement ? Etait-ce dans une mer déchainé ou dans une piscine pour enfants ? Elle ne pouvait pas toucher le fond. Ses pieds se débattaient dans le vide, incapable de trouver le moindre support. Ses bras peinaient à maintenir le haut de son corps en dehors du lac. Sa tête ne cessait d’être submergée par des remous qu’elle créait elle même. Ne pouvant prévoir quand elle serait recouverte d’eau, elle bu la tasse. Voulant tout d’un coup respirer, retrouvant de l’eau dans la bouche, la recrachant, voulant respirer, avalant de l’eau. Incapable de se concentrer sur quelque chose, seul son instinct de survie peu sollicité travaillait. Et ce dernier lui disait de battre des bras. Ses mains frappant au hasard dans l’eau dans l’espoir de trouver quelque chose à quoi se raccrocher. Ses vêtements mouillés l’alourdissaient et ralentissaient ses vêtements, elle ne comprenait pas bien pourquoi elle pesait si lourd tout d’un coup (heureusement pour elle portait peu de vêtements). Ayant peu l’habitude d’avoir de l’eau dans les yeux, elle les avait fermé par réflexe et ne comprit pas que quelqu’un venait à sa rescousse. Tout d’abord elle hurla quand elle sentit que quelque chose la touchait et bu une nouvelle fois la tasse. Elle n’était pas experte en poisson d’eau douce mais elle avait cru comprendre que certains d’entre eux pouvaient être extrêmement grand. Hye Jin essaya alors d’ouvrir les yeux mais paniqua, elle ne voyait plus rien. Effectivement, ses cheveux étaient venus se coller devant ses yeux. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire ? Elle était terrifiée. Une seule pensée lucide traversa son esprit : « Je vais sûrement mourir. » C’était fort probable. Elle ne se débrouillait absolument pas bien et malgré toute la vigueur qu’elle mettait à se maintenir à la surface, elle se retrouvait plus souvent sous l’eau qu’au dessus.
Au bout de quelques minutes elle sentit qu’on l’attrapait et comprit enfin que le poisson qu’elle essayait d’assommer depuis tout à l’heure était un être humain bienveillant qui s’évertuait à la secourir. Cependant elle ne se calma pas tout de suite. Dans un premier temps, elle n’apprécia pas le contact physique qui lui fit peur et ne sentant toujours aucun sol sous ses pieds, elle continuait à se débattre. Une voix étranglé sortit alors de derrière elle : « Calmez-vous, tout ira bien ! » Ce à quoi elle aurait bien répondu : « Je suis en train de me noyer et tu me dis que ça va espèce de sauveteur à la noix ! » Mais dans un premier temps elle était bien trop polie pour que ce genre de phrase sorte de son esprit et à bout de souffle elle ne pouvait tout simplement rien dire. Cependant, le sentiment était là. Rapidement, elle remarqua pourtant qu’elle arrivait enfin à respirer sans que trop d’eau ne s’engouffre dans sa trachée. Peut-être allait elle s’en tirer finalement ! Le contact de sa tête contre le torse de l’inconnu permit aussi de la réconforter, elle avait enfin appuie sur quelque chose. Le sentiment de vide commença à disparaître. La jeune fille aurait bien continué à battre des pieds et des mains mais ses bras étaient plus ou moins immobilisés et commençant à reprendre le contrôle de son cerveau elle pensa qu’elle allait gêner son sauveteur qui semblait déjà peiner à la ramener au bord. Quand enfin il la souleva pour la remonter sur le ponton elle s’accrocha de toutes ses forces et essaya tant bien que mal de se retrouver dessus. La seule force de ses petits bras n’aidant pas elle eu l’idée de pousser avec ses pieds avant de comprendre qu’elle n’avait toujours aucun contact avec le sol et du donner un coup à l’inconnu. Enfin son torse se retrouva sur le ponton chauffé par le soleil. Ils y étaient arrivés, ils l’avaient enfin hissé sur la terre ferme. Elle s’assit loin du bord, genoux ramenés contre elle. Les yeux regardant l’eau encore mouvante, ses doigts serrant tellement ses chevilles que ses phalanges en blanchissaient. Elle s’appliqua à retrouver une respiration normale avant de se remettre à penser. L’air l’irrita et elle eu une quinte de toux. Ses yeux parvinrent enfin à quitter la surface du lac et à se soucier du sort de celui qui l’avait sauvé. Tout d’abord elle ne le reconnu pas, son visage était épuisé, ses cheveux étaient venus se coller contre sa figure. Ses yeux tombèrent dans les siens. Puis il détourna son regard brusquement et elle ne comprit pas.
« Euhm… Je m’excuse de t’avoir fait tomber dans l’eau… Mais… Comment dire, t-tu.. as perdu ta jupe… »
La première réaction de Hye Jin à cette brusque déclaration fut d’émettre un petit : « Hein ? ».
Erreur cerveau. Oxygénation non encore rétabli. Cerveau opérationnelle. Connexions entre les différents secteurs. Mémoire activée ! Déduction logique : Si elle avait cru un instant que l’inconnu était un passant venu la secourir en l’ayant vu se noyer. Elle se rendit rapidement compte que son sauveur était l’idiot à la crêpe qui était tombé dans l’eau en l’entrainant. Et en tirant sur sa jupe qui s’était décrochée et qui pour un raison inconnu avait coulé au fond de l’eau plutôt que de flotter. Ce qui ne l’arrangeait pas puisqu’elle se trouvait désormais en sous-vêtements devant celui qui avait essayé de l’assassiner (involontairement) il y a quelques instants. « Ma..Ma… »
Sa deuxième réaction fut beaucoup plus violente. Elle émit un cri strident et tout en s’écartant essaya de cacher avec ses pauvres bras cette soudaine nudité. Non s’en envoyer un involontaire coup de pied dans la figure du jeune homme. Quand elle se rendit compte des dégâts elle s’en voulut. Même si on pouvait penser qu’elle était tombée sur un pervers, il l’avait sauvé.
« Espèce de sale ! Oh pardon. » s’exclama t-elle, passant d’une émotion à l’autre.
La fille avait pris sa remarque très mal apparemment. Il est vrai qu'en temps normal, personne n'aimerait qu'un inconnu voit ses sous-vêtements, mais ce n'était pas une raison pour réagir de la sorte. Ce n'était pas comme s'ils étaient des jeunes adolescents. Le jeune homme avait déjà vu plus d'une femme en sous-vêtements, même nues, et au vu de l'apparence de la tomboy, elle devait aussi avoir un certain nombre d'années d'expériences à ce niveau. Peut-être était-ce sur le coup, ou peut-être était elle une vraie sainte nitouche, mais sa réaction n'était ni calme et ni réfléchie. Après un cri strident, Yeon Wan sentit quelque chose derrière lui, qui s'avérait être un coup dans l'arrière de sa tête. N'y étant pas préparé, ni prévenu, ses bras lâchèrent et sa tête, en plus de se prendre un bon coup de pied, se cogna donc violemment contre le sol du ponton.
Le choc avait été quelque peu fort, et il avait l'espace d'un instant l'impression de perdre connaissance, sa vue se brouillant et ses oreilles se bouchant, mais heureusement il revint rapidement à lui. Le jeune mannequin releva tant bien que mal son buste, se tenant la tête avec ses mains. Son premier réflexe fût de vérifier qu'il n'était pas blessé au visage. Il le tâta un peu partout, et lâcha un soupir de soulagement lorsqu'il s'était assuré qu'il n'avait pas de plaies. Il saignait cependant du nez, mais après avoir essayé de le déplacer, il était certain que celui-ci n'était pas cassé. Il essuya alors le sang qui lui coulait sur les lèvres, son goût métallique étant très dérangeant. Il remarqua à ce moment que ses mains étaient ouvertes, elles avaient frotté le ponton lorsqu'il était tombé. L'effet de l'adrénaline s'était maintenant estompé et ses mains commençaient à piquer et brûler, l'obligeant à laisser échapper un son de douleur à travers ses dents serrée.. Il ne s'était plus blessé depuis ses fugues lorsqu'il était petit, autant dire qu'il n'y était ni habitué, ni tolérant. Il se rappela quand même qu'il fallait appliquer de salive sur ses blessures comme antiseptique, mais il n'avait pas spécialement envie de cracher sur ses mains, et se contenta de les essuyer doucement sur son t-shirt, qui virait au rouge.
Ce n'est qu'après qu'il sentit ses joues virer au pourpre. Il se retourna vers l'inconnue et lui lança un regard agressif. En plus de l'avoir frappé, elle avait aussi essayé de l'insulter. Il était vrai que c'était en partie, ou plutôt totalement de sa faute si elle était tombée à l'eau, mais il s'était tout de même donné la peine de la sauver alors qu'elle aurait pu le faire couler aussi. Il ne s'attendait pas à des remerciements, mais le frapper n'était tout de même pas quelque chose à faire. Il se retint de lui faire une remarque et expira un gros coup en face de lui. Il était clairement en tort, il le savait, mais sa blessure le mettait dans tous ces états. Il reprit une grosse inspiration et sa tête redevint claire, ses joues se déteignirent de leur rouge. Il avait repris son calme et commençait à s'en vouloir d'avoir réagi comme ça.
Il essuya à nouveau le sang qui coulait jusqu'à ses lèvres et tout en se levant, appuya contre sa narine pour bloquer le flux. Il avait eu du mal à se lever sans ses mains, car il n'osait plus toucher quelque chose avec, et vacillait légèrement une fois debout, mais après avoir repris son équilibre, il se tourna face à la jeune femme. Il lui tendit par réflexe sa main pour l'aider à se lever, mais s'y résigna rapidement en voyant l'état de sa main et en se rappelant qu'elle n'avait plus de jupe.
« Euh, je t'aurais bien aidé à te lever, mais en fait, c'est plutôt une mauvaise idée... Je suis désolé pour la jupe, et aussi et surtout pour avoir faillit nous tuer. Prends mon short si ça ne te gêne pas, comme ça tu pourras rentrer. J'attendrais qu'il fasse sombre pour y aller. »
Il essaya de sourire autant qu'il le pouvait, mais c'était une chose plutôt difficile vu la situation et sa main qui s'appuyait sur le visage pour empêcher le sang de couler. De son autre main, il sortit son porte-feuille et son téléphone des poches de son bas. On lui avait souvent fait la remarque que les porte-feuilles et coques pour téléphone antivols étaient inutiles, mais à première vue ils avaient sauvé la vie à ses affaires. Il les posa sur le sol et commença à descendre son short, ce qui était compliqué à faire à une main, car il devait jongler entre les deux côtés. Après quelques mouvements et picotements, son short tomba au sol, mettant à jour son boxer-short bordeaux aux coutures blanches.
Il était une fois la nudiste et le pervers. Hye Jin n’avait absolument pas fait exprès de frapper la tête du garçon. Dans un geste maladroit elle avait voulu s’éloigner du potentiel « danger » mais sa jambe était partie en l’air avant de s’écraser avec violence contre le crâne de son sauveur. Comme elle prenait soin de son corps, notamment en faisant beaucoup d’exercice, ses jambes étaient plutôt musclées. Le choc fut violent. Ne voyant rien venir, le pauvre homme se retrouva avec le nez écrasé contre le ponton. Le temps se ralentit. Il ne bougeait plus, elle non plus. Occupée à reprendre son souffle il y a quelques instants, elle n’osait même plus respirer maintenant. Ses yeux s’écarquillèrent. Doucement, elle se rendit compte de son geste. C’était débile et surtout très incontrôlé. Mais enfin, après avoir failli mourir et eu sûrement une des plus grandes peurs de sa vie, pour finalement se retrouver en sous-vêtements devant un inconnu, on pouvait comprendre qu’elle ait du mal à reprendre ses esprits.
L'inconnu se releva. Tout d’abord, il lui tournait toujours un peu le dos et la jeune femme ne vit pas ses blessures. Puis il fit volte-face et lui jeta un regard noir auquel elle prêta peu d’attention. Son esprit restait focalisé sur le t-shirt blanc qui rougeoyait. En tant que styliste et amoureuse inconditionnelle des vêtements, elle eu d’abord une pensée absurde « Je ne sais pas si ça va partir au lavage… » Puis son cerveau redémarra : rouge, sang. Ses yeux en cherchèrent l’origine. Il y avait quelque part sur le corps de ce garçon, une plaie, une ouverture dans la fine peau blanche qui laissait s’écouler un liquide vermillon. Lui étant debout et elle toujours sur le sol, elle commença par ses pieds et remonta le long des jambes pour arriver aux mains. Comment s’était-il fait ça ? Elle n’y pensa pas vraiment. Rapidement, elle chercha son sac. Heureusement pour elle, elle l’avait lâché quand elle s’était sentie tomber et il n’avait pas finit dans l’eau. « Plutôt pratique ». Toutes ces affaires étaient saines et sauves. La jeune coréenne attrapa un paquet de mouchoirs et se leva d’un bond pour rejoindre l’inconnu, sac coincé entre son buste et son bras. Ce ne fut qu’une fois à sa hauteur qu’elle s’aperçut de l’ampleur des dégâts. Un flux continu de sang coulait de ses narines pour finir sur ses lèvres qu’il n’arrêtait pas d’essuyer. Elle pressa un des morceaux de papiers contre sa main libre et un autre contre son visage.
« Vous devriez pencher la tête… » dit elle d’une voix peu assurée, tout en lui pressant légèrement l’arrière du crâne pour illustrer ses dires (et vérifier au passage qu’il n’était pas blessé à cet endroit)
Puis elle lui prit la main et la pressa contre le mouchoir qui épongeait son nez. Son coude ainsi replié, elle mit sa main en dessous pour soutenir la charge et pour pouvoir plus facilement le rattraper au cas où il venait à s’évanouir. Retrouvant enfin le contrôle de la situation, elle sentit tout son stress s’évacuer et ses yeux s’humidifier.
« Je suis vraiment désolée… Pardon ! » s’excusa t-elle en baissant le regard, par honte.
Ah oui. Cette histoire de short. Si quelqu’un qui trainait dans le coin les voyait comme ça, il pourrait aisément se tromper sur la nature de leurs faits et gestes. Un beau quiproquo.
« Ecoutez pour cette histoire de bas… Gardez-le. » finit elle par dire après un petit moment d’hésitation.
Si il attendait la tombée de la nuit, mouillé et très peu habillé, elle avait peur qu’il ne prenne froid malgré l’écrasante chaleur qui recommençait à se faire sentir et picotait les pieds de Hye Jin. « Je vais appeler mon frère pour qu’il m’apporte de quoi me changer. » déclara la jeune femme tout en s’articulant pour récupérer son téléphone dans son sac et appuyer sur la touche un.
Son autre main soutenait toujours le coude du garçon qui commençait à se réchauffer après leur petite baignade.
« J’ose pas vous lâcher… » grimaça t-elle.
Bip… Bip… Bip… « Mon dieu décroche crétin. » Votre correspondant n’est pas disponible pour le mom… Hye Jin raccrocha et grommela un « Si il est reparti se coucher je vais le tuer… » Un petit rire gêné s’échappa d’entre ses lèvres. Rapidement, elle réfléchit à un plan de secours tout en fixant son portable. Elle n’osait pas rencontrer à nouveau le regard du jeune homme, bien trop timide et honteuse pour cela.
« Oui… Ajhussi, vous croyez que vous pouvez avancer avec la voiture vers un coin isolé du parc ? Oui, oui du côté de la rue bien sûr, mais comment dire… A proximité d’un bosquet, d’arbres vous voyez ? Peu loin de l’endroit où vous m’avez laissé. Merci. »
Heureusement que son chauffeur répondait toujours, lui. Elle inspira profondément pour oser affronter les yeux de son sauveur.
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